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Compact feeding Préparer une ration complète hachée sans tri possible

La ration mélangée, humide et hachée sous la méthode compact feeding ne permet plus aux vaches de trier. (©BTPL)

Le compact feeding répond à un problème majeur : le tri. Cette ration totalement mélangée grâce au hachage et au trempage des aliments semblerait faire grimper les résultats techniques. Attention cependant, elle demande plus de temps et un surcoût à la préparation.

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Le concept du compact feeding vient du Danemark et a été développé par le professeur N.B. Kristensen dans les années 2012-2013. S’il a conquis des producteurs danois, il a aussi fait des adeptes ailleurs en Europe et en France.

Le principe repose sur une ration totalement mélangée. Les vaches ont toute la journée la même ration, avec les mêmes proportions de fourrages et concentrés. Jusque-là rien de très innovant, la ration mélangée existe en France depuis les années 70-80. Mais dans la ration compact feeding, le mélange et le hachage sont poussés à l’extrême.

Recette d'une ration compact feeding

La préparation se déroule en 3 phases :

Étape 1 : le trempage

Les concentrés secs sont mélangés avec de l’eau pendant 10 à 20 min – avec 1 l d’eau pour 1 kg de concentré. Il faut ensuite laisser tremper l’ensemble eau-concentrés, idéalement une nuit entière (12 h). Certains éleveurs ajoutent de l’acide propionique pour éviter les échauffements à l’auge.

Les concentrés et aliments secs sont sources de tri. L’eau désagrège les granulés. Ils se mélangent plus facilement avec les fourrages et y adhèrent. Le mélange final se situe entre 36 et 38 % de MS. Les rations hivernales classiques à base d’ensilage de maïs dépassent 42-45 % de MS.

Étape 2 : la structuration

On ajoute, au mélange eau-concentrés, les fourrages un par un en commençant par le fourrage le plus fibreux (en CB). C’est souvent l’ensilage d’herbe. À chaque fois, il faudra laisser tourner la mélangeuse environ 20 minutes. Si l’éleveur anticipe en ensilant très court, le temps de mélange peut être réduit. Les concentrés adhèrent aux fibres du mélange.

Étape 3 : la finition

Le mélange se termine par l’ajout de l’ensilage de maïs plus dense. La vis de la mélangeuse ne s’arrête jamais. Il faut de nouveau mélanger pendant environ 20 min. Les ensilages de maïs sont aussi coupés le plus court possible. Le temps de récolte sera un peu plus long. La ration est très homogène. Les vaches sont incapables de trier.

Dans le mélange final, difficile de retrouver les concentrés. (©BTPL)

Si la recette peut surprendre, le mélange final n’est pas de la bouillie. Il reste relativement souple, mais il est un peu plus humide qu’une ration classique à l’auge. Les vaches mangent de haut en bas, sans chercher les concentrés dans le mélange.

Quels résultats techniques avec le compact feeding ?

Dans les études danoises, la production laitière par vache augmente, de + 500 à + 900 kg de lait/vache/an* grâce à cette ration humide. Les quelques expériences françaises montrent des résultats similaires.

Si la ration compact feeding augmente la production laitière, ne pas oublier qu'elle entraîne un surcoût de l'ordre de 10 cts/VL/j. (©BTPL)

* : Référence de l'étude : Kristensen - Implement Compact TMR to increase productivity, feed efficiency and health in dairy herds

Ce qui interpelle c’est l’absence totale de fibres dites « piquantes ». Et pourtant les vaches ne sont pas malades, ni en sub-acidoses. Ces rations fonctionnent grâce à la teneur en cellulose brute de la ration, ou NDF selon les critères de référence, mais surtout par la grande régularité des distributions. Les vaches consomment la même ration, toute la journée et au fil de la semaine. Avec ce système, il ne faut pas oublier d’anticiper les transitions.

Le hachage fin favorise l'ingestion et limite le tri

Le principal changement est la structure du mélange. Toutes les particules sont fines. Il est très compliqué de retrouver les concentrés parmi les fourrages. Le hachage fin des fourrages favorise l’ingestion : + 250 kg MS ingérée par vache par an, soit + 0,7 kg MS/vache/j.

Le compact feeding réduit le tri. Il limite ainsi la compétition à l’auge. Les vaches sont plus calmes et ne se jettent pas sur la ration au moment de la distribution. La ration est consommée au fil de la journée, sans à-coup. La ration à l’auge en fin de journée est la même que celle du matin. En ration classique, la proportion des fourrages grossiers est plus forte en fin de journée.

Pour réussir une ration compact feeding, il faut tenir dans la durée cette ration homogène et constante. L’auge ne peut pas totalement être totalement vide pendant 2 ou 3 h. Ces rations sont plutôt destinées à des systèmes intensifs, avec une part de pâturage réduite, qui visent la même ration toute l’année.

En coût, l’augmentation de l’ingestion entraîne un surcout de + 0,10 €/vache/jour, soit l’équivalent de 0,35 l de lait. Il faut néanmoins compter plus de temps en main d’œuvre (une partie du mélange se prépare la veille), un peu plus de fioul, d’usure de la mélangeuse (qui doit d'ailleurs être assez étanche)... Au final, avec le lait produit en plus, la chaîne de distribution se situe dans des bornes maîtrisées, entre 15 et 25 €/ML (main d’œuvre comprise).

L’augmentation de l’ingestion est relative. Pour un troupeau de 100 vaches, et des rendements moyens de 12 t MS, il faut compter 2,5 ha de maïs en plus. Selon la région et les surfaces disponibles, il faut pouvoir assurer ses stocks et ne pas se retrouver à court au mois d’août. Si la surface fourragère est déjà limitée, cela peut être un vrai frein à la mise en œuvre de ce type de ration.

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